C'EST COMMENT L'ÉVÉNEMENTIEL AU CANADA, CARIBOU ?

6/22/20223 min read

Marine a travaillé quelques années avec moi. En 2016, elle débutait dans l’événementiel, elle découvrait, ne savait pas trop dans quelle direction s’orienter. Après quelques événements réalisés ensemble, des grands, des petits, dans des équipes restreintes ou entourés d'armées mexicaines, en totale autonomie ou sous mon contrôle, elle a enfin trouvé son chemin. Elle allait se spécialiser dans la production, avec une nette préférence pour tous les aspects techniques d’un event, de la vidéo à la lumière.

Marine avait un second objectif. Elle souhaitait partir au Canada, ce qu’elle a fait en 2019.

Aujourd’hui, elle est coordinatrice événementielle, cheffe de projet, quoi, dans une entreprise de technique audiovisuelle. Nous nous appelons de temps en temps, l’occasion de lui demander quelle est la différence entre l’événement à Montréal et l’événement en France. Elle restait évasive, me disait que le Covid avait mis un bazar incroyable dans la filière. Rien d’original.

La semaine dernière, nous avons eu une conversation plus formelle. Je lui ai posé des questions plus précises.

Alors, il y a vraiment une différence entre les événements en France et les events au Canada ? Elle me dit que c’est un « beau bordel »… Ça change un peu du bazar.

Après un court silence, Marine m'explique : la pénurie de technicien est un gros problème et va s’amplifier à l’approche de la période des festivals (ça l’est déjà avec le Grand Prix du Canada de Formule 1). Les opérateurs (comprendre « technicien ») vidéo, son, lumière, les techs généralistes, les régisseurs et les chauffeurs sont plus que rares alors que les carnets de commandes sont plus que pleins. Elle est obligée de double booker des prestations car les sociétés se font la guerre et renchérissent sur les salaires pour assurer les prestations techniques de leurs événements."

Parfois, Marine se retrouve avec deux sondiers. Deux lighteux. Les budgets explosent. Elle passe rapidement sur le matériel. Plus un VP sur les racks, on se bat pour un Fresnel ou une console son. « Les opérateurs font plusieurs runs dans la journée en ce moment. Si on prend du retard au montage, si les répètes s’étirent un peu trop en dehors des horaires, ça nous met dans des situations délicates. Parce que les techs nous disent « bye, bye » et ils s’en vont ».

Alors ils forment des jeunes, mais la formation a ses limites dans l’urgence. Je suis déçu, c’est comme en France, finalement. Le Covid est aussi passé sur l’événementiel canadien comme méchant un rouleau compresseur.

Je réitère : « Bon, à part ça, il n’y a vraiment pas de différence entre la France et Montréal, même une petite ? » Elle réfléchit et me dit qu’il y a beaucoup d’événements hybrides. Que les clients se sont rendus compte que c’était moins cher et que ça réduisait l’empreinte carbone des événements… Autre chose ? Les termes techniques ne sont pas les mêmes. Les conduites techniques s’appellent des cue, comme les Cue, et pas du tout des running orders. Et les répétitions sont des « cue to cue » et pas des « rehearsals ». Ce ne sont pas les mêmes normes non plus et ils comptent en pieds. Il faut un peu s’habituer sur Autocad.

Laurent Desjars