GRÉGORY DEL RIO : LE MAGICIEN QUE L'ON RAPPELLE ?

Description du poste de blog.

9/20/20225 min read

J’ai toujours adoré la magie. Je veux dire toutes les magies : du tour de carte au mentalisme en passant par les apparitions dingos, les disparitions incompréhensibles. J’ai toujours aimé le visage des gens qui se demande : « mais comment a-t-il fait ? ». Je devais avoir ce même regard éberlué, cette expression émerveillée, la mâchoire inférieure légèrement tombante du gars qui vient de voir un gentil alien.

Au cours de ma carrière, j’ai travaillé avec beaucoup d’illusionnistes et de mentalistes. Ils avaient tous ce petit air d’autosatisfaction, pas de prétention, non, je dis bien d’autosatisfaction. Chacun d’eux savait le travail qu’il avait dû fournir pour dessiner des O sur la bouche des gens et les heures et les heures d’entrainement pour faire applaudir le public. Et c’est en partie la raison pour laquelle ils sont, pour la plupart, d’excellents showmen, des femmes et des hommes de spectacle qui savent qu’un succès ne se bâtit pas au hasard et qu’il faut se battre tous les jours, pour chaque public.

Un jour, en me baladant sur mon fil Linkedin (oui, je suis de ceux qui me balade sur ce réseau) je tombe sur un post de Gregory Del Rio. Gregory est un magicien, un mentaliste et un hypnotiseur. Il affirme travailler pour les entreprises, les conventions, les séminaires, les lancements de produit, il ne s’interdit aucun format.

Je suis curieux. Autant les spectacles de magie et de mentalisme sont très prisés, autant l’hypnose, dans le cadre d’un événement corporate, peut faire peur.

Nous prenons rendez-vous.

Gregory est à l’aise sur Zoom. Il faut dire qu’il a, comme nous tous, traversé la crise sanitaire, et qu’il a dû s’adapter (davantage que se réinventer !) aux contraintes des événements digitaux.

Sans a priori, je me jette dans la conversation. Gregory est très sympa, on sent immédiatement qu’il a envie de faire plaisir et c’est la plus grande des qualités quand on fait du spectacle vivant. Son sourire ne s’efface jamais et il n’a pas cet air de satisfaction mais plutôt de l’assurance, je dirais, à vue d’œil. L’image et la technique sont parfaites. Gregory a investi dans des caméras de grande qualité et a créé un décor pour ses prestations digitales.

D’emblée, je lui pose la question : « l’hypnose ne fait-elle pas peur aux entreprises ? » Gregory sourit. Tout est une question de d’approche. Gregory a été formé. Il maitrise totalement les techniques et il sait de quelle manière les mettre en scène. Aucun des volontaires ne doit être pris pour un cobaye et encore moins humilié. C’est une évidence pour Gregory. Et c’est le secret de son succès. De la finesse et de l’humour.

Gregory assure 150 à 200 shows par an. C’est énorme. Il ajoute qu’il met un point d’honneur à marquer les esprits, à faire que son public se souvienne, pas seulement de son spectacle, mais de l’événement pour lequel il assure l’animation. « Je ne veux pas être le magicien qu’on appelle, je veux être celui qu’on rappelle » me dit-il. Et le client doit se dire qu’il a bien fait de m’engager car les gens se souviennent de son événement, longtemps après.

Gregory me dit que son spectacle est très participatif. Une heure et demie qu’il peut raccourcir et adapter à la demande. Je sens qu’il veut me faire un tour. Je me laisse faire, j’adore ça de toutes façons. Il me demande de choisir un mot de la langue française. Je lui rétorque que c’est vaste. Je lâche « langue », croyant être plus malin que lui. Je suis content de mon choix et je ne quitte pas ses mains des yeux. Gregory se lève. Une carte est attachée à sa ceinture. Sur cette carte, un mot.

Langue.

J’applaudis. Dans ma tête seulement parce que je crois qu’il est encore plus malin de lui demander combien de cartes du même type il porte sur lui. Il me répond qu’il lui en faudrait au moins cents mille.

Je passe à autre chose.

Personne n’a jamais découvert le secret de l’un de ses tours, en close-up en tous cas, parce qu’aucun membre du public n’a jamais interrompu un spectacle pour crier qu’il avait deviner le truc d’un tour. Gregory aime le mentalisme, surtout en close-up, car cela renouvelle la discipline, selon lui. Il peut deviner plein de trucs, notamment le code de déverrouillage d’un smartphone. Eh ben.

Et oui. Gregory m’observe et je fais semblant d’être détaché. Naturel. Mais je l’observe aussi.

Depuis peu, il a découvert la magie des chiffres. « J’étais nul en maths. Il m’a fallu un an et demi pour maîtriser quelques tours. Comme le carré magique, par exemple. » Je ne me fais pas prier pour lui demander ce que c’est. Il se lance aussitôt. Un passionné, vous dis-je.

Il dessine une grille de 16 cases, 4 horizontales et 4 verticales et me demande un nombre compris entre 37 et 100. Je lui dis 28, spontanément. Il répète la consigne sans aucune allusion à mon manque de concentration.

87.

Ok, il déclenche son chronomètre. Je le vois défiler sur le côté de l’écran.

Il gratte, il parle en même temps. Pas trop, mais il parle.

Il arrête le chrono.

En additionnant les nombres de toutes les lignes, on trouve 87. Idem pour les colonnes. Idem pour les carrés. Le même résultat pour les diagonales, mais aussi pour les opposés. Le carré du centre donne également 87. Tout est 87. C’est à ce moment que je me dis que c’est fortiche. Une grosse performance de calcul mental.

Il me dit, pour enfoncer le clou : « Et le chrono, il s’est arrêté sur quel temps ? »

19’’68.

Et ça fait ?

87.

Bon là je dis bravo, c’est plus fort que moi. Et puis, c’est fort tout court. Gregory m’a eu. En deux petits tours rapides. Je le lui avoue et il me dit qu’en événement, c’est une nécessité. Un magicien dispose de peu de temps pour embarquer un public qui n’a pas choisi de venir, à qui, finalement, on impose un spectacle. Gregory sourit quand je lui demande s’il a déjà « manqué » un public. Visiblement, il ne sait pas de quoi je parle.

Je conclue par des questions sur ses projets futurs. Gregory prépare un nouveau spectacle, autour du spiritisme. Il aimerait également maîtriser de nouveaux tours. Comme la Marche du Cavalier, par exemple. La Marche du Cavalier ?

Si vous voulez savoir ce que c’est, vous pouvez toujours le lui demander vous-même. Son numéro est en dessous. Sur la page contact de son site.

Laurent Desjars