J'AURAIS VOULU ÊTRE UN GRAPHIIIIIISTE (ET JE SUIS AUSSI UN ARTISTE)

5/7/20254 min read

En travaillant pour la première fois avec Marcos, je me suis dit que la barrière des générations n’avait aucun fondement. Je ne n’avais jamais vraiment pensé à cette idée et, à vrai dire, je n’y même jamais été confronté en dehors du cercle familial. En côtoyant Marcos pendant les quelques semaines qu’a duré le dossier, j’ai eu la confirmation que ces « barrières » n’étaient qu’une idée de synthèse, une contrainte sociale imposée par un jeunisme idiot (ou inhumain) et un « vieillisme » tout aussi idiot (et inhumain).

Les vieux prennent les jeunes de haut parce qu’ils croient tout savoir et tout avoir vécu. Les jeunes pensent que les vieux sont des êtres usés et dépassés (pour éviter de dire autre chose de plus dévalorisant) et qu’ils ne valent presque plus rien pour cette seule et unique raison.

Vous pensez que je caricature ? Vous pensez que j’exagère avec mes généralisations étriquées et mon manque de nuances ?

Vous avez sans doute raison mais il s’agit d’un thème qui secoue et traverse la société depuis des décennies, depuis des siècles, depuis toujours. Ces dernières années, on a parlé de génération X, Y, Z, une expression pour désigner généralement le menu fretin. On a parlé de millenials et de boomers pour mieux les opposer. Je n’ai jamais raisonné de cette manière, j’ai toujours pris le marketing par le bon bout, de manière positive.

Vous allez trouver cela un peu naïf mais j’ai toujours aimé transmettre ce que j’avais appris des autres ou ce qui avait nourri ma curiosité. Les jeunes femmes et les jeunes hommes qui ont travaillé avec moi se sont trouvés et ont trouvé leur place. Je pense aux autres et ce qu’ils font m’importent.

Mais je digresse. Revenons à Marcos puisqu’il s’agit, avant tout, de vous parler de lui dans cet article.

Marcos est un graphiste débutant mais Marcos donne le sentiment, et plus qu’un sentiment d’ailleurs, d’avoir fait cela toute sa vie. Il possède cette facilité, cette aisance qui vous rassurent, comme une petite voix qui vous chuchote à l’oreille que le dossier va bien se passer, que les clients vont être contents et qu’il y aura même un brin de magie et d’émotion dans le boulot. Et puis vous le voyez, vous le constatez. C’est beau et vous vous dites que Marcos a vraiment de bonnes idées et qu’il comprend tout très vite. Vous vous dites que vous avez de la chance parce que vous n’avez pas à reprendre et reprendre, à faire et à défaire… C’est un luxe à l’heure de l’intelligence artificielle qui vous fait de belles images sans vous comprendre parfois.

Le dossier dont je vous parlais n’était pas simplement un dossier à logo et à Power Point, comme je les appelle souvent. Il fallait transcender une charte graphique élégante et délicate mais très contraignante, d’autant qu’il fallait réaliser des films d’animation. Il fallait aller vite et comprendre ce qu’était l’animation. Il fallait se projeter, voir la suite, voir la « grande photo ». Marcos fait tout ça.

Je n’ai pas tellement envie de vous faire traverser une nappe de violons tristes mais je vais vous dresser tout de même un bref tableau de son bref parcours : Marcos est venu du Brésil, assez tôt, il a des facilités à l’école, ses parents souhaitent qu’il devienne médecin ou avocat (sans noyau et sans peau verte autour), il n’aime pas le foot. Il fait du droit, bon, très bien, et travaille comme caissier à côté. Mais le droit, à ses yeux, c’est un peu comme le foot.

Marcos est un jeune homme qui a de l’imagination. Cela a l’air d’être une case, quand je l’écris, la ligne d’un registre, une cellule dans un tableau Excel mais c’est une arme qui bouleverse votre vision du monde. L’imagination vous fait voir beaucoup de choses qui n’existent pas, des choses auxquelles vous souhaitez donner vie, dans le monde réél ou dans votre tête. L’imagination vous connecte différemment au monde. Les gens qui ont une imagination fertile peuvent rester dans les clous mais ils parviennent à transcender les convenances. C’est un atout pour vous et pour tous ceux avec qui vous travaillez. Elle vous rend curieux. C’est un atout pour vous et pour tous ceux avec qui vous travaillez.

Son imagination et sa licence de droit en poche, Marcos prend enfin la voie qu’il a envie de prendre. Il aime l’art, la création, enfin plutôt la création que l’Art. Il s’inscrit dans une école de design et continue de travailler à côté. Son école est loin. Tant pis. Son objectif est solidement arrimé à sa vie.

Très vite, il travaille pour une agence, il fait des affiches pour des festivals mais la musique l’attire. Il souhaiterait dessiner des visuels pour des musiciens et concevoir des pochettes d’album. Mais il aime également retaper des meubles, leur donner une seconde vie. Ses pensées vont parfois à la couture…

J’ai aimé notre conversation. Marcos me remercie, ce que j’interprète comme : « j’ai, moi aussi, apprécié notre conversation ». Mais nous devons raccrocher. Le boulot nous appelle. Nous avons un dossier sur le feu et il s’agit du même. Une jolie convention. Nous avons contribué à remporter l’appel d’offre et nous contribuons aujourd’hui à en faire un moment exceptionnel pour l’entreprise.

Nous ne sommes pas de la même génération mais nous avons trouvé des choses à nous dire et nous nous sommes trouvés des sujets communs. A présent, nous avons le même objectif : faire plaisir au public dont nous devons nous occuper le 15 mai.