LA COACHING, CE N'EST PAS FORCÉMENT AIDER LES AUTRES À S'EXPRIMER SUR SCÈNE

2/22/20234 min read

Il y a quelques temps, j’ai répondu à un appel d’offre à la problématique délicate comme une fleur des champs, pour une entreprise qui devait se remettre en cause, gérer un environnement légal mouvant, sur un secteur dont l’avenir était illisible. Bref, nous devions les aider à démêler un sac de nœuds et une situation pour le moins… angoissante.

Face à ces situations dantesques que les entreprises rencontrent parfois et qui, fort heureusement, ne constituent pas leur quotidien, je comprends que les dirigeants aient besoin d’aide. Une aide extérieure portée par un regard différent. Ils ont besoin que d’autres talents examinent leur situation à la place des leurs. Ils ont besoin de respirer et de faire respirer leurs équipes qui, quelquefois, ne parviennent plus à distinguer le bon chemin de celui que prennent tous les autres, parce qu’ils vivent au cœur du réacteur.

Faire appel aux autres fait gagner du temps et ce n’est pas une démarche destinée à déconsidérer ses équipes, au contraire.

Nous lisons donc l’appel d’offre et nous découvrons qu’il faut accompagner leur volonté de changement et tous les bouleversements organisationnels et structurels que cela engendre. Des agences spécialisées, j’en connais. J’ai travaillé avec beaucoup d’entre elles et j’ai toujours trouvé (vous allez vous dire que je suis sacrément prétentieux) un peu « justes ». Peut-être suis-je trop éloigné du métier, des méthodes, des techniques, de l’approche… Et pourtant, je crois fermement aux vertus du discours distancié, au jugement bienveillant des autres… Alors qu’est-ce qui cloche ?

Je passe deux trois coups de fil et laisse mon esprit vagabonder sur Linkedin, encore une fois. On y trouve parfois de l’inspiration et on y fait souvent de belles rencontres. Ce jour-là, c’est le cas. Je croise un large sourire et des yeux qui pétillent et vous brillent subtilement. Je lis « Dirigeants, décuplez votre leadership et l’empowerment des collaborateurs sans compromettre votre épanouissement ».

Sacrée promesse ! J’appelle. On se donne rendez-vous, puis un second, puis une longue période de silence, puis un autre rendez-vous. On se rend compte que l’on a déjà un point commun : nous n’avons pas, l’un comme l’autre, un agenda dans lesquels les journées durent 38 heures, hélas.

Et puis un jour, on y arrive !

Fabienne Wiltord vous emmène tout de suite avec elle. Une voix qui sourit et un débit assuré sans s’imposer à vous, comme d’autres peuvent être envahissant. Fabienne n’a pas été coach toute sa vie. Elle a obtenu un doctorat en génie mécanique, a travaillé en recherche et innovation dans une petite boite qui monte, L’Oréal, et elle est toujours la cousine de Sylvain, l’un des footballeurs les plus haï en Italie (vous saurez pour quelle raison en tapant Euro 2000 et Wiltord sur Google).

Mais revenons à Fabienne, l’ex-experte en coloration et leader d’équipe. Au bout d’un certain nombre d’années, elle quitte la multinationale et tout ce qui va avec. Elle part dans le sud avec son mari et ses enfants. Et elle se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire de sa nouvelle vie. Fabienne, vous vous en doutez bien, sait faire beaucoup de choses et pas que de la mécanique et de la chimie.

Le métier de coach l’attire, elle suit une formation et devient rapidement certifiée. Très vite, elle s’occupe des dirigeants, les conseille en tête à tête, les interroge et les fait s’interroger sur leurs envies, leurs limites, les forces qu’ils doivent mettre au service de leurs objectifs et la manière d’appréhender tous ces paramètres sur le plan psychique et émotionnel. Fabienne les aide à mieux piloter ce qu’ils ressentent, mieux gérer le stress et les imprévus, et c’est un atout quand on a des responsabilités, parfois très lourdes, sur les épaules.

Fabienne s’occupe également de groupes et d’équipes. Elle écoute, elle tâte, elle inspecte discrètement ou audite ostensiblement les organisations pour déterrer les non-dits, résoudre les conflits, faire émerger les talents, engager vers l’avenir. Passer de la douleur au bien-être. Parce que l’on n’appelle pas Fabienne quand tout va bien.

Fabienne est pleine de projets. Elle a créé des formats de séminaires pour répondre à toutes les problématiques d’équipe, quelles qu’elles soient. Et elle est également productrice de contenus pour Orange Antilles et Guyane. Son sujet : la RSE. « C’est un sujet important, il faut donner envie aux gens de regarder, d’écouter, leur donner envie d’être concerné, et de s’engager… J’ai interviewé Catherine Testa, Malia Metella, Virginie Delalande, autant de figures qui peuvent inspirer les autres. »

Je lui demande ce qui lui reste à faire avec tous ces chantiers qu’elle a lancé. Elle me dit en riant qu’elle aimerait faire de la scène… Il faudra qu’elle me précise. La prochaine fois.

Fabienne ne m’a pas aidé à répondre à mon appel d’offre. Mais comme je crois davantage à l’avenir qu’au passé, j’ai gardé son numéro. Un jour, c’est certain, j’aurais besoin de cette énergie et de cette volonté d’atteindre tous ses objectifs.

Laurent Desjars