LA PROMESSE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICELLE EST-ELLE DURABLE ?
2/12/20244 min read
Hier, j’ai lu attentivement un article à propos du retard « effarant » (ou c’était peut-être « inquiétant », peut-être même les deux) des entreprises françaises en matière d’intelligence artificielle. Oui, les entreprises françaises ont du retard ; comme on nous disait, il y a quelques années, que les entreprises françaises avaient du retard dans l’acquisition et la maitrise des outils numériques. Hélas, je n’ai pas pu demander à l’auteur de me préciser ce qu’il entendait par intelligence artificielle, ni pour quelles raisons il employait ce ton alarmiste ? Je n’ai pas pu lui demander non plus ce qu’il appelait retard. Il faut tout de même savoir que les avancées technologiques sont quasi quotidiennes et, par la force des choses, une entreprise, comme tous les utilisateurs, seront toujours en retard sur les innovations technologiques et la communication autour de ces mêmes avancées technologiques. La mode fonctionne de cette manière, la tech fonctionne de la même façon et fonctionnera de la même façon. C’est un fait.
Cet article voisinait avec un autre article qui traitait de la hausse du prix de l’électricité (ils n’étaient pas tout à fait côte à côte, la coïncidence aurait été trop énorme, mais se trouvaient dans le même fil d’actualité). Rien à voir, me direz-vous, et vous aurez raison de prime abord. Mais, par association d’idées, je fais inconsciemment le lien entre intelligence artificielle et données, entre données et data center et, du coup, entre intelligence artificielle et consommation d’énergie.
Je me renseigne, je fouille, je bouquine. Et très sincèrement, ce qui est plutôt effarant, c’est ce que je trouve à propos de l’empreinte écologique de l’intelligence artificielle dans sa globalité (je ne parle pas seulement de l’IA générative qui fait tant de bruit et sème tant de fureur, mais de ce que j’appelle l’IA du quotidien, de notre moteur de recherche aux chatbot de ton assureur…)
Bon, je dois vous avouer que la lecture de « L’enfer numérique » de Guillaume Pitron, qui parle du monde fabuleux des data center, m’avait déjà aiguillé. Il y décrivait l’explosion du nombre de data center, l’explosion de la facture d’électricité de ces mêmes data centers, l’explosion de la consommation d’eau potable pour refroidir ces milliards de semi-conducteurs qui chauffent, qui chauffent…
Je ne vais pas vous faire un cours ou vous abreuver de chiffres, mais pour illustrer mon propos, ils vont être indispensables. Vous me pardonnerez certainement…
L’avènement de la 5G pourrait être une excellente nouvelle (elle consomme moins d’électricité que la 4G dans les faits) s’il n’existait « l’effet rebond », dont l’existence m’a été révélée par Philippe Bihouix, ingénieur diplômé de Centrale, spécialiste des ressources minérales et promoteur des low-techs. Son déploiement va augmenter la puissance des réseaux mais elle va en contrepartie inciter les utilisateurs à faire exploser leur activité digitale.
Effet rebond.
Les « spécialistes » nous prédisent que l’empreinte carbone du numérique va être multiplié par trois d’ici à 2050. Des estimations, bien sûr, qui ne prennent pas en compte cet effet rebond et l’avènement, que dis-je, la révolution de l’intelligence artificielle qui va tout envahir, s’infiltrer partout… Tout cela est-il sérieux ? Tout cela a-t-il un fondement ?
Je doute, mais cela n’engage que moi. Je doute que l’intelligence artificielle gagne à la fin. Parce que l’intelligence artificielle, contrairement à un cerveau humain, consomme beaucoup, beaucoup plus d’énergie. La facture peut s’annoncer lourde. Très lourde.
Des exemples : l’IA mobilise 10 à 15 % de la consommation électrique de Google et cela ne peut qu’augmenter puisque les spécialistes, toujours eux, nous affirment que l’IA n’en est qu’à ses débuts. Autre sujet : L’apprentissage de GPT 3 d’OpenAI aurait consommé 1287 megawattheures, soit l’équivalent de 120 foyers américains sur une année. Celui de GPT 4 aurait quant à lui nécessité l’équivalent de la consommation de 700 foyers américains. Et ces chiffres, bien entendu, ne concernent que la phase d’apprentissage de la seule OpenAI. Microsoft, Google et des dizaines, voire des centaines d’entreprises sont également dans la course.
Enfin, les IA génératives, fortement dépendantes de stocks de données colossaux consignés dans de gigantesques data centers, sont, de fait, extrêmement gourmandes en eau et en métaux stratégiques. Rien que l’entraînement de GPT 3 aurait consommé 700 000 litres d’eau. Et le coût de 5 requêtes est d’environ ½ litre d’eau.
Alors la révolution de l’IA, est-elle une promesse durable ? Le monde va-t-il voir la quatrième révolution industrielle bouleverser les siècles à venir ? Permettez-moi d’en douter, mais je me trompe peut-être. Je travaille dans la communication alors je connais un peu tout mais je ne suis spécialiste en rien.
Laurent Desjars