L'AGENCE MUSICALE : OSEZ L'ÉMOTION !

10/26/20226 min read

La première fois que j’ai rencontré Laurent Mignard, nous partagions déjà le même prénom. Avec le temps, nous avons découvert que nous partagions davantage : une exigence quasi pathologique de la perfection, le respect de ceux qui adoptent des positions nettes et tranchées et une certaine idée des relations entre les femmes, les hommes, les hommes et les femmes, les femmes et les hommes, je ne sais plus de quelle manière on peut le dire sans froisser le drap gris d’une pensée molle. Mais je m’égare.

Laurent m’avait épaulé dans l’élaboration d’une convention pour le top management d’une société de pari sportif. Nous avions conçu ensemble une plénière hors des chemins tous tracés du top down. La société traversait une période de bouleversements et nous avions dans l’idée de construire la plénière autour d’une comparaison entre l’orchestre et l’entreprise.

Car Laurent est un musicien. Un chef d’orchestre et un conférencier habité par trois passions : son métier, Duke Ellington et le jazz, et les relations entre les êtres humains. Vous allez certainement me dire que ça fait quatre, vous comptez bien, mais comment séparer Duke Ellington du jazz et de la musique ?

Si vous abordez le sujet avec Laurent, il s’anime, il vous emmène avec lui et vous communique son enthousiasme, qui devient un euphémisme quand il vous parle de la vie et la philosophie de Duke Ellington.

Certains se demanderont qui est Duke Ellington, quand d’autres ne diront rien, puisque son nom leur évoque vaguement quelque chose, un mec qui jouait peut-être de la trompette, ou du piano, au siècle dernier. Mais Duke Ellington était un grand chef d’orchestre, un compositeur qui produit près de 1000 titres, qui a joué et écrit pour le cinéma. « Duke Ellington fait partie du patrimoine musical de l’Humanité, me dit Laurent. Au même titre que Mozart ou Bach. »

Je ne peux rien dire. Je fais partie de ceux qui ne connaissent pas Duke Ellington. Mais ce que je peux vous dire, en revanche, c’est que Laurent en parle avec une fougue et une profondeur qui vous donne envie de découvrir autant sa musique, sa personnalité que son rapport à ses musiciens, aux autres, au monde.

C’est avec Bénédicte, son alter ego de l’Agence Musicale, que je reprends contact il y a quelques semaines sur Linkedin. Nous avons travaillé ensemble et nous en gardons un excellent souvenir. Nous avions de l’exigence les uns envers les autres, des idées et des envies, l’objectif de conquérir le public. Ça met de la tension, de la bonne tension, mais ça rapproche.

Je les redécouvre, tous les deux, sur mon écran d’ordinateur. On ne s’embrasse pas mais l’intention est là. On se raconte. Les derniers mois denses. Les dernières semaines séduisantes. Les dernières prestations formidables.

On est d’accord. C’est un vrai plaisir de retrouver les gens. De leur parler de nouveau. De partager des moments intenses dont on espère, et l’on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir, qu’ils ne les oublieront pas.

J’ai le plaisir de les entendre me dire que Laurent a fait cinq conférences le mois dernier. Je leur demande s’ils sentaient que les entreprises avaient besoin de ces moments ? De parler la même langue le temps d’un événement, de partager des moments d’émotion et de se fabriquer de nouveau des souvenirs communs pour les transformer en « esprit », en culture, en petits codes à échanger.

Oui, elles en ont besoin, me répondent-ils, ensemble, synchro comme ils l’ont toujours été (depuis que je les connais, en tous les cas). « Les entreprises rechignent un peu à prendre des risques, il y a un problème de lâcher prise, dit Laurent. » Bénédicte ajoute qu’il y a une volonté affichée d’oser, comme une sorte d’exhortation à faire chanter de nouveau un bel oiseau qui s’est tu.

Laurent revient sur les cinq conférences. Il en parle sur le ton de la passion. Je me rends compte tout à coup que Cinq, en un seul mois, c’est beaucoup en effet…Entre les briefs, les préparations, les prestations… »

D’autant que les problématiques abordées ont été variées. Un étal de maraîcher en plein été avec ses jolis fruits mûrs et ses légumes que l’on a envie de griller au barbecue. Mais je m’égare.

Laurent est intervenu pour un cabinet d’accompagnement de cadres dirigeants. Un cabinet qui a grandi vite et qui doit devenir pérenne car les dirigeants, par la force des choses vont se retirer un jour. Laurent a discuté le brief, comme à son habitude et laissé son catalogue dans un tiroir de son bureau. « Racontez-moi. Dites-moi ce que vous voulez qu’il reste de cette journée ? » Les organisateurs ont répondu du tac au tac : « faire partager le sens et les valeurs du projet à tous les collaborateurs parmi lesquels se trouvent nos futurs successeurs. Se relier les uns aux autres… » L’objectif est ambitieux.

Alors Laurent et Bénédicte leur proposent une conférence avec un quintet de jazz. Ils trouvent un titre : « Au cœur de l’orchestre. » Laurent rappelle les fondamentaux du chef et le mode de coopération entre les jazzmen, toujours très mystérieux quand on est novice. Le rôle du leader ambassadeur, le concept de « groove » qui matérialise l’objectif de l’orchestre, à savoir se mettre en vibration et la transmettre au public. « C’est physique. Les gens le ressentent mais ce n’est pas un quelque chose qui se voit comme une note sur une portée. »

Et le chef d’orchestre dans tout ça ?

« Eh bien il construit avec ce que les gens lui donnent. »

Ben oui, je suis bête aussi de poser la question…

Lors de cet événement, le public a également participé à un atelier, très ludique. Le groupe est coupé en trois sous-groupes et chacun d’eux doit produire l’un des sons de la batterie. Un chef par groupe est désigné. Une fois la batterie vocale réalisée, les chefs disparaissent.

« Ça marche beaucoup mieux sans eux, me dit Laurent avec malice. Les gens s’écoutent, communiquent sans se parler et le résultat est tellement plus convaincant. »

L’intelligence émotionnelle. C’est elle qui a parlé. C’est elle qui a guidé le groupe vers le succès de l’exercice (qui n’est pas vraiment un « exercice » mais une activité sympa).

Laurent m’énumère toutes les problématiques auxquelles il a été confronté ces dernières semaines. Avec la même fougue, la même énergie et la même conviction. Un CHU avec une nouvelle approche qui veut s’éloigner du travail en silo. Un groupe de distribution qui s’interroge sur les moyens d’améliorer la direction de ses magasins, malgré les différences culturelles et géographiques ? Un groupe industriel tout neuf, tout frais, qui a grossi tellement rapidement qu’ils doivent se trouver des valeurs communes avec la même célérité ?

J’ai griffonné des notes sur cinq pages, je sais donc que je suis au bout de mes deux pages et les trois-quatre minutes de lecture. Il faut conclure. Je n’ai pas besoin de le dire.

« Le chef d’orchestre ne donne pas d’ordre », me dit Laurent. Je dois avoir l’air de ne pas comprendre ce qu’il veut me dire alors il ajoute « Karajan disait que l’art de diriger consiste à savoir abandonner la baguette pour ne pas gêner l'orchestre. »

Et Duke Ellington aurait dit quoi, lui ?

Pour le savoir, vous n’avez qu’à demander à Laurent. Vous pouvez contacter l’agence musicale en visitant leur site, juste en dessous. Vous êtes à un millimètre de souris.

Laurent Desjars