LE COACHING, C’EST S’AUTORISER À DEVENIR QUI L’ON EST EN SECRET

11/13/20234 min read

Nous sortons tout juste de la coupe du monde de rugby et, peu importe ce que nous avons pensé, ressentis, espéré pendant la compétition, nous avons eu une démonstration de ce qu’était le coaching. Loin de moi l’idée de revenir sur une douloureuse défaite du XV de France, ce n’est pas le sujet de cet article, mais ce soir-là, le coach de l’Afrique du Sud, a eu une merveilleuse inspiration (si l’on peut s’exprimer ainsi) en modifiant une grande partie de son équipe alors que la France menait au score. Il ne s’agit pas d’une simple décision pragmatique basée sur un état physique déplorable des joueurs sud-africains. Non, il a déclenché un truc. Il a réussi à transcender son équipe, la transformer positivement pour les dernières minutes du match et déstabiliser l’adversaire. Et c’est exactement ce que l’on attend d’un coach, sportif ou non : changer le cours de choses.

Longtemps, j’ai cru que le coaching ne servait qu’à ajouter une ligne au budget d’un événement. J’ai changé d’avis depuis quelques années. Comment ? En regardant faire, en portant une attention particulière aux changements des comportements, à l’amélioration des postures et des tonalités de voix, en vérifiant d’un œil distrait et d’une oreille sûre qu’il y avait bien un avant et un après. Et parce que j’ai l’esprit ouvert.

Pour vous dire à quel point j’ai l’esprit ouvert, je vais vous parler (vous re-parler, plutôt) d’Aziliz qui a monté une entreprise de promptage, ou de prompting (on dit ça ou c’est un néologisme ?) avec Goulven, son compagnon, directeur technique et musicien. Aziliz n’est pas qu’une opératrice prompteur, elle est également coach. Donc. Et c’est ce qui fait son originalité… Et son efficacité.

Bon, il est vrai qu’Aziliz est coach depuis un certain nombre d’années et qu’elle a conseillé et fait progresser un grand nombre de personnes : des femmes, des hommes, des cadres supérieurs et des PDG, des gens plus ordinaires et même des gens qui n’y croyaient pas. Je ne parlerai pas des liens entre son métier et sa nouvelle activité, plutôt originale et complémentaire. Non, aujourd’hui nous allons essayer de vous dévoiler les dessous d’un métier complexe, dont le récit est un exercice délicat, voire périlleux.

Pour commencer, me dit Aziliz, il n’y a pas « un » coaching, il y a « des » coachings. Je me doutais un peu de l’intro, vu le nombre de courants qui traversent la psychologie. Je lui demande : « Les personnes qui s’adressent à toi sont-elles conscientes de leurs carences ? » Aziliz prend un peu de temps pour me fournir une réponse convenable. « Les gens viennent me voir quand ils se rendent compte en effet de leur état présent, mais surtout quand ils savent quel est leur état désiré » me répond Aziliz et je trouve cela d’une logique implacable. (ou s’ils ne le savent pas, ils savent qu’il veulent du changement !)

Et après ?

Eh bien après, c’est le face-à-face entre le demandeur et le coach, la maïeutique au beau milieu. Le coach questionne, écoute beaucoup, questionne encore. Aziliz reste vague sur les méthodes. Je lui propose de préciser mais comment être précis quand on vous demande de dessiner une voiture. Quelle voiture ? Sous quel angle ? Hybride ou électrique ? Ah ! la logique…

J’insiste néanmoins, je suis friand d’anecdotes. Un silence nous sépare un instant. Cela dépend de tellement de paramètres, cela dépend tellement de la personne que l’on a face à soi, de la tournure de la conversation. Je ne concède rien.

Souvent, je demande « qui voulez-vous être sur cette scène ? » (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit). Une fois que le choix est fait, ce qui n’est pas une mince affaire, Aziliz demande à son « apprenti » de s’imaginer face au personnage de son choix, puis dans sa peau. Et puis il y a des protocoles à mettre en place et des exercices. Des dizaines qu’il faut adapter à chaque personnalité, à chaque objectif. Il faut placer chaque personne dans sa propre mécanique d’apprentissage. Il faut leur donner des perspectives pour leur démontrer que la réussite est au bout de l’effort. Parce que se lancer dans cette démarche, c’est tout simplement difficile. Je le pense en parlant avec Aziliz et elle confirme : « Les coachs ne sont pas là pour faire pantoufler les gens, mais pour leur donner de l’espoir, leur dire en filigrane qu’ils vont atteindre leur objectif. »

Ce n’est qu’une question de temps.

Oui. Mais on devient bon en combien de temps ? Combien faut-il de séances pour être aussi bon que Martin Luther King ? Le temps, le temps, la performance. Ça dépend ? plaisantai-je, impatient. Aziliz me répond que l’on peut avoir des résultats en 2 ou 10 séances de 2 heures. « Le temps psychique n’est pas le temps humain disait mon professeur. » Je réfléchis, mais c’est Aziliz qui conclut en me disant d’une voix pleine de bienveillance : « L’important c’est de se faire du bien, de se dire que l’on a réussi quelque chose de fort et de ressentir une grande satisfaction. »

Je réfléchis.

Et je me dis qu’elle a sacrément raison. C’est combien la séance ?

Laurent Desjars