LE MOTION DESIGN, C'EST FAIRE DES TOURS DE MAGIE AVEC SON CLAVIER
Laurent Desjars
6/22/20224 min read
Andy Ximenes est un motion designer. Comme le nom de son métier l’indique, il fait bouger les images. Quand on parle de motion design en événementiel, on pense au logo qui bouge sur les écrans, aux jolis génériques qui annoncent les plénières, aux jingles qui rythment les réunions, à toutes ces séquences plus ou moins spectaculaires qui précèdent une montée sur scène… Mais en réalité, le motion design est partout dans l’audiovisuel.
En ce moment, Andy exerce ses talents pour des boîtes de production TV, mais Andy a beaucoup travaillé (et travaille encore) pour l’événementiel. Je lui ai demandé ce qu’il préférait. La question est un peu stupide, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. J’avais envie de savoir s’il y avait une différence, quel était le secteur le plus glamour. Mais avant de découvrir si Andy préfère les spaghettis ou les tagliatelles, j’ai voulu que vous découvriez un métier qui mêle technique, créativité, direction artistique et un peu de poésie aussi.
C’est quoi le métier de motion designer ?
Le motion design, c’est assez vaste. Tu l’as dit en intro, nous faisons bouger les images mais ça ne veut pas dire grand-chose. En fait, on met en scène le boulot des graphistes et des directeurs artistiques. Ils pensent image et nous on pense mouvement.
Tu ne fais pas de DA ?
Bien sûr que si, mais je préfère l’animation, faire danser une courbe avec élégance, faire briller des synthés pour les mettre en valeur, penser à la structure et à la texture d’un décor, imaginer le chemin d’un faisceau lumineux dans une séquence un peu terne. Les motion designer habillent des films, fabriquent des bande-annonce, des clips parfois. Nous sommes des professionnels des effets spéciaux. Nous faisons aussi des films d’animation, des transitions de plans impossibles à réaliser en vrai, ou trop chères pour la prod. On fait des tours de magie avec notre clavier.
C’est super compliqué ?
Il faut un peu de maîtrise, c’est sûr, mais il faut assurément une sensibilité artistique et aimer les films, les pubs, les vidéos, n’importe lesquelles. Parfois, sur Tik Tok, je vois des trucs incroyables, des effets auxquels je n’aurais pas pensé. Et pourtant, j’ai un peu d’expérience dans ma valise.
Ah bon ? (Je précise que c’est une blague, alors on rigole, mais je n'oblige personne)
On cherche toujours des trucs nouveaux, de l’inspiration pour ne pas répéter le même mouvement, reproduire le même effet tous les jours, tous les mois, toute sa vie. T’as envie de voir Buzz l’Eclair faire le même mouvement pendant tout un film ?
Tu travailles sur After Effect ?
Comme tous les motion designers. C’est pas un gros scoop. En revanche, j’aime bien lier la 2D et la 3D. J’utilise Maya et C4D… Tu lies les deux quand tu as besoin de profondeur. Tu en verras dans la petite séquence que je t’ai donné.
Et ta machine ?
PC. Je suis anti Mac. Les gens croient encore que Mac, c’est l’idéal pour l’image. C’est faux. Quand tu fais de la 3D, le Mac, c’est compliqué. Le PC te donne plus de liberté quand tu veux créer des nuages, de l’eau, ce que l’on appelle la gestion de particules.
Bon, on va faire plus people, parce que j’ai peur que l’on perde nos lecteurs à parler technique. Tu travailles pour qui en ce moment ?
Pour la télévision, TF1 et le groupe M6, pour The Voice et La France a un Incroyable Talent, notamment. Je travaille également pour l’événementiel. Les projets sont souvent moins exigeants sur le plan artistique, mais nous avons toujours moins de temps. De moins en moins de temps pour réaliser les séquences.
Tu préfères la télé ou l’événement ?
La télévision, au-delà du côté glamour, propose davantage de variété dans le boulot. Tu peux fabriquer un décor et puis le lendemain faire du tracking pour habiller une séquence un peu nue. Il y a toujours du neuf et des surprises. Parfois, je vais même sur place, en régie, pour bosser en direct. L’événement, c’est toujours un peu la même chose. Générique et jingles avec toujours la même séquence qui se répète entre les plateaux.
Pourtant, l’événement, c’est toujours du live, même en digital.
Un motion designer ne va jamais sur un événement, sauf s’il est invité par la directrice ou le directeur du projet.
Qu’est-ce qui manque à l’événementiel pour emballer les motion designers ?
Il faudrait que ce soit plus vivant. Il faudrait changer de protocole, casser le caractère répétitif. Mais je ne dis pas que tous les événements sont ennuyeux, loin de là. J’ai travaillé sur plein d’opérations et j’ai adoré faire les faire.
Génériques et jingles pourraient être liés et raconter une histoire ? Est-ce que ça pourrait être une piste ?
Faire évoluer les jingles tout au long de la plénière ?
Oui. Que chaque séquence soit différente de la précédente et de la suivante comme les épisodes d’une mini-série ?
Ça pourrait être un excellent moyen de retenir l’attention du public.
On est tous les deux d'accord. On se reverra certainement sur un prochain événement.
Laurent Desjars