LES BELLES IMAGES VALENT (TOUJOURS ?) MIEUX QUE DE LONGS DISCOURS
Parlons scénographie
Laurent Desjars
5/9/20225 min read
Pour ce premier numéro, j’ai discuté avec Olivier Blin de Madame Pepper Consulting. Olivier est scénographe, un créatif dont les organisateurs d’événements, agences et annonceurs, ont nécessairement besoin pour donner corps à leurs idées et à leurs projets. En phase d’appel d’offres mais également en phase de production pour donner les repères nécessaires aux équipes qui implantent et fabriquent.
Pourquoi avoir choisi ce visuel pour illustrer cet article ?
C’est le projet Moon24.
Il s’agit d’une barge, telle une exposition flottante, montrant la fusée européenne qui ira sur la Lune en 2024 pour y installer une station spatiale. Un soir, sur les chaînes nationales, je tombe sur une interview de Thomas Pesquet, notre héros national et médiatique spationaute, qui présente l’ambitieux projet de l’agence spatiale européenne. Un projet dingue. Donc séduisant. Mais étrangement, mon esprit ne se projette pas vers l’avenir mais dans le passé.
Oui, dans le passé, d’un sage petit garçon, qui se cachait dans les combles du grenier de son grand-père, pour lire, lire et relire, à la lueur d’une torche poussive, « Les Voyages de Gulliver ».
J’avais gardé en mémoire ce géant personnage, attaché sur un grand navire que l’on transportait pour le mener à la rencontre de la famille royale. A chaque étape, une foule se précipitait pour voir la curiosité…
Et ?
Eh bien, ça m’a poussé à imaginer ce que pourrait être le projet dont parlait Thomas Pesquet. J’ai voulu lui donner vie et le faire découvrir aux parisiennes et aux parisiens, aux petits et aux grands, aux touristes, aux passionnés, aux rêveurs, aux amoureux de l’espace… Comme le navire des Voyages de Gulliver transportaient le géant pour le présenter aux publics.
L’imagination, c’est ce qui caractérise Madame Pepper Consulting ?
Oui, mais j’ajouterais qu’il faut prendre du plaisir et en donner, c’est un peu ta philosophie aussi, non ? La conception, la 3D, pour moi, c’est un loisir. Et je suis également convaincu qu’en ayant constamment les publics en tête, ils vont sentir que l’on s’occupe d’eux, que l’on a envie de leur faire plaisir. C’est une étape essentielle vers la réussite d’un événement.
Oui, d’accord, mais concrètement ?
Ce sont des détails. Par exemple, je pense toujours à ce que va voir le spectateur du dernier rang quand je conçois une scéno pour une plénière. Je place la caméra de mon logiciel à la hauteur de son regard et j’adapte, je rectifie en fonction de ce que je vois. Le souci du détail. Ça fait la différence, surtout si on le montre pendant une présentation.
C’est un peu anecdotique
Les gens adorent les anecdotes. Je m’efforce toujours de cacher des détails sympas dans les projets que l’on me commande. Et de raconter une histoire. La scénographie, le récit et la mise en scène sont pour ma part indissociables. Un événement est une chose vivante, comme le public.
Que veux-tu dire par chose vivante ?
Quand on imagine une scénographie, on doit la penser en mouvement. Elle soit servir le discours et maintenir l’attention du public. Partir d’une situation pour arriver à une autre situation en suivant une ligne directrice définie par l’agence et son client. Et puis, les projets qui sont réalisés ne sont presque jamais ceux qui ont été présentés. Et même, parfois, pendant un rendez-vous avec des clients, tout peut changer… Je me souviens d’une présentation où nous présentions un projet d’événement à Bruxelles pour six cents pax. Le thème de la bande-dessinée était imposé. Je me permets de leur dire que le thème n’est pas bon. Les huit personnes autour de la table me demandent pourquoi ? Je leur dis : si on enlève Astérix, Tintin et Lucky Luke, pouvez-vous me citer deux personnages de BD, comme ça, spontanément ? Moues dubitatives. J’enfonce le clou : votre objectif n’est-il pas « en avant » alors que la BD, par essence, ça ne bouge pas ? Ça part dans tous les sens autour de la table… C’est positif, c’est vivant. Nous finissons par tomber d’accord sur le dessin animé. Nouveaux débats. Et le projet a vu le jour quelques semaines après en adoptant la signature « Votre destin animé ».
Est-ce que les formats digitaux et hybrides ont changé ta manière de travailler ?
Pas vraiment, sauf quand on réalise un événement 100% digital dans un studio déjà équipé. Dans ce cas, on fait davantage appel à moi pour de la mise en scène, de la conception. Le digital impose d’inventer de nouveaux modes d’interaction entre les intervenants et le public. C’est tout l’enjeu car nous n’avons plus la force du live à notre disposition.
Tu as un exemple ?
J’ai conçu un jeu assez simple pour une célèbre marque de pneus. A partir d’un discours commercial autour du lancement d’un produit dans le réseau de distribution, les spectateurs (j’allais dire téléspectateurs…) peuvent influer sur le cours de l’histoire en suggérant des contraintes, l’intervention de personnages qu’ils ont à leur disposition.
Tu as des prestataires préférés avec lesquels tu travailles ?
Pas vraiment. Chacun d’eux ont des spécificités qu’il faut connaître et exploiter au maximum. C’est de la pure valeur ajoutée, alors chut !
Des nouveautés qui ont marqués et marqueront l’événementiel ?
Incontestablement, les catalogues de décors et de mouvements de caméras pour les événements digitaux et hybrides. Des séquences toutes faites pour les réalisateurs qui ont un rôle prépondérant dans ce type d’event. Je pense notamment à UNREAL de EPIC GAMES.
Tu conclurais comment dans l’idéal ?
Je me disais qu’il serait bien de faire un papier sur UNREAL. Du coup.
Laurent Desjars