MÉTAVERS ? MAIS VERS QUOI ?

Laurent Desjars

6/22/20224 min read

Mon chauffeur de taxi me demande ce que je pense des métavers. Pensif, je lui réponds que je n’en sais rien en passant devant le parc des expositions de la porte de Versailles où se déroulait Vivatech, il y a une semaine. Il me demande ce que je fais dans la vie. Je lui réponds que je fais de l’événementiel. Ça a l’air de l’amuser. En me regardant dans le rétroviseur, il me demande si j’ai déjà fait un événement dans le métavers. Il a de la suite dans les idées. Il sourit. Je réponds par la négative. Je lui dis que je ne crois pas trop aux métavers. Il me rétorque : "il n'y a pas si longtemps, personne ne croyait que nous allions utiliser Zoom ou Teams pour parler à nos parents. Il m'énerve un peu. Je suis fatigué, je détourne le regard et je campe sur mes positions.

Mon chauffeur de taxi me demande ce que je pense des métavers. Pensif, je lui réponds que je n’en sais rien en passant devant le parc des expositions de la porte de Versailles où se déroulait Vivatech, il y a une semaine. Il me demande ce que je fais dans la vie. Je lui réponds que je fais de l’événementiel. Ça a l’air de l’amuser. En me regardant dans le rétroviseur, il me demande si j’ai déjà fait un événement dans le métavers. Il a de la suite dans les idées. Il sourit. Je réponds par la négative. Je lui dis que je ne crois pas trop aux métavers. Il me rétorque : "il n'y a pas si longtemps, personne ne croyait que nous allions utiliser Zoom ou Teams pour parler à nos parents. Il m'énerve un peu. Je suis fatigué, je détourne le regard et je campe sur mes positions.

Les métavers nous sont présentés comme la promesse d’expériences incroyables et nouvelles, envoûtantes et incontournables. Je veux bien le croire, nous pouvons toutes et tous prêter une oreille attentive à ses promoteurs, mais que peut nous apporter un nouvel univers virtuel ? L’échec de Second Life a été cinglant et les succès de toutes les technologies d’univers virtuels ou de réalité augmentée très relatifs. Le carton commercial des Sim’s est le seul exemple d’imitation de la vraie vie qui ait finalement remporté un succès planétaire…

Les lunettes qui vous plongent au fond des mers parmi les dauphins, qui vous font traverser l’Antarctique sans bouger de votre salon, jouer dans la même équipe que M’Bappé ou cuisiner avec le dernier vainqueur de Top Chef vous font vivre des expériences sympas. Essayer une paire de basket dans une boutique virtuelle ouverte 24h/24, ce serait bien pratique pour quelqu’un qui ne dispose que de très peu de temps. Le seul petit souci, c’est que vous voyez les baskets, vous choisissez le modèle, la taille, mais vous ne la sentez pas sur votre pied. Vous voyez le chef de Top Chef, vous faites un plat aux champignons selon ses directives, il peut même faire une blague mais vous n’en sentez aucun arôme. Bref, Les métavers vont vous faire vivre une expérience mais pas L’EXPERIENCE.

Ai-je une vision tronquée de ce que nous promettent les métavers. Ces derniers sont présentés comme un monde alternatif, un continent encore vierge, offrant des opportunités nouvelles de développement et de croissance économique, un monde d’opportunités. Les mêmes opportunités qu’il y eut, au début des années 2000, au moment de l’avènement du web. Les métavers sont les futures plateformes de travail. Les endroits qui recèlent des milliers de milliards de valeurs qui ne demandent qu'à être exploitées. Dans le métavers, vous pourrez créer des entreprises, des produits, des services. De la data, aussi, très certainement. Les métavers vous permettront de réinventer tout ce qui doit l’être, fabriquer un nouvel événementiel, par exemple, puisque c’est le sujet qui nous importe ici. Tout cela est déjà en route, programmé, plein d’espoir.

Tout est sur les rails alors, il faut juste attraper le train en marche, et il est lancé à pleine vitesse. Simplement, je ne peux m’empêcher de voir un ou deux écueils à contourner pour qu’un événement dans le métavers puisse rivaliser avec la réalité, atteindre les mêmes objectifs, parvenir aux mêmes résultats auprès des publics.

Dans les métavers, comme dans un jeu vidéo, vous ne sollicitez que votre vue et votre ouïe. Le goût, l’odorat et le toucher sont de facto écartés, laissés à l’abandon comme s’ils ne servaient à rien. Mais s’ils existent, me soufflent le bon sens à l’oreille, c’est qu’ils doivent bien servir à quelque chose dans le processus de création d’émotion, dans le processus de plaisir et de mémorisation positive ?

Et puis les métavers, même si nous avons déjà lancé le déploiement du réseau 5G sur le territoire, exigera-t-il le redimensionnement de notre propre équipement informatique ? Devra-t-on s’équiper comme un gamer pour évoluer dans un univers fluide ?

Je crois qu’un événement virtuel ne remplacera jamais la chaleur d’un cocktail, l’intensité d’une plénière, les applaudissements d’un public. L'événement dans les métavers, ce sera une déclinaison, une alternative. Pas un ersatz, non, ce sera autre chose. Et peut-être finirons-nous par sentir avec nos doigts et voir avec notre nez.

La soir même je mettais une raclée à Raphaël Nadal sur la Playstation de mon fils. J'ai senti le vent de la victoire et touché la grâce. Et ça m’a rendu heureux, l’espace d’une minute.

Laurent DESJARS