PAULINE CHEVALLIER, DIRECTION DE PRODUCTION : UN CHEF D’ORCHESTRE QUI NE MÈNE PERSONNE À LA BAGUETTE

11/13/20235 min read

J’avais envie de parler de direction de production depuis longtemps mais je ne savais pas de quelle manière aborder le sujet, un sujet peu séduisant, vous direz-vous et me disais-je aussi d’ailleurs, loin de l’intelligence artificielle et de la création événementielle ; et pourtant, un sujet ô combien important pour la réalisation d’un événement nickel et sans défaut, respectueux des deniers de l’organisation. Étrangement, peut-être par méconnaissance, c’est un métier qui ne fait rêver que ceux qui se sont frottés à l’exercice et en sont tombés amoureux. Comme Pauline, directrice de production depuis quelques années, avec qui je travaille de temps à autres, et qui a accepté de me parler de son métier avec une sincérité enthousiaste et un enthousiasme sincère, et qui entre dans cette catégorie.

Pauline s’est tracé un joli parcours depuis ses débuts, un parcours suffisamment louvoyant pour engranger de l’expérience à chacun de ses virages contrôlés. Elle s’est frottée à tous les secteurs, de la pharma à la Tech, de la banque à l’industrie… Elle a fait un petit tour dans le tourisme d’affaire qui est une bonne école pour apprendre la réactivité, la débrouille et la relation avec tous ceux qui organisent les événements. Elle a goûté à tous les métiers de l’événement, de la logistique à la technique, de l’organisation à la direction intelligente des équipes (sans ChatGPT ). Et c’est ce qui fait sans sa force, je peux vous en parler parce que j’ai pas mal louvoyé de mon côté. Avoir une vue en plongée sur un événement, c’est beaucoup mieux qu’une contre-plongée ou un kaléidoscope. En termes d’efficacité, je veux dire.

Quand je lui demande de quelle manière elle se qualifierait, elle n’hésite pas trop, va droit au but en prenant d’emblée l’image du chef d’orchestre. Bon, ce n’est pas super original, mais c’est efficace (cela fait deux fois que j’emploie cet adjectif) et l’efficacité, c’est ce que l’on demande en premier lieu à la production. Efficacité et pragmatisme.

Nous partageons le même point de vue à propos de l’efficacité et tout ce genre de choses qui participent grandement à gagner des projets et à en faire des succès. Pauline me dit que la production est importante, même en phase d’appel d’offre. Encore une fois, je suis tout à fait d’accord, mais pas pour les mêmes raisons : tout le monde doit se parler, se concerter, certes, le budget est important, certes aussi, bien qu’en appel d’offre ce soit secondaire au regard de la faisabilité et de l’originalité du concept et de son traitement, la manière dont il est raconté aux personnes qui ont commandé le projet. De mon côté, je pense que les directrices de production et les directeurs de production, souvent freelance, disposent d’un carnet d’adresse étendu et éprouvé à travers le filtre de leur propre sensibilité, un carnet d’adresse de talents dans tous les métiers de l’événement, et n’ont souvent pas de réflexe systématique comme peuvent en avoir parfois des agences, elles ne souhaitent pas faire entrer au chausse-pieds des prestataires dans une chaussure beaucoup trop grande ou bien trop petite. Et c’est pour cela qu’une directrice ou un directeur de production est également précieux.

Pauline est de ceux-là. Lors de nos rares collaborations, j’ai souvent émis des idées dont je savais la complexité, sachant pertinemment qu’elle aurait, quoiqu’il arrive, une solution de qualité à me proposer pour la matérialiser, la rendre réelle.

Je partage également d’autres « valeurs » avec Pauline. Notamment, une absence totale de prétention lors d’un événement. Ôter le polyane sur une scène, passer un petit coup de balai ou déménager un pupitre, ne nous dérange pas, ne remet pas en cause la vision que nous avons de nous-même et de notre métier. Nous n’avons qu’un objectif : satisfaire notre client et combler le public.

La négociation entre la direction de production et son prestataire est un autre sujet que j’avais envie d’aborder parce qu’il y a un côté mystérieux dans ces conversations, il y a une partie du boulot qui ne m’intéresse pas du tout et qui, pourtant, constituent un moteur puissant dans la mise en mouvement d’un événement. Je demande à Pauline quelle est sa manière d’aborder cette partie délicate. Elle me dit qu’elle n’étrangle personne, que cela ne sert à rien d’ailleurs. « Faire des économies à tout prix est un mauvais calcul parce que nous faisons un métier de relation, un métier où la confiance et l’entraide sont très importants. Vu le nombre d’impondérables auxquels nous sommes confrontés, il vaut mieux être en bon termes avec ses partenaires. Les productions qui étranglent les prestataires n’obtiennent que ce qu’ils ont payé quand un problème se présente. C’est un équilibre subtil à trouver, à chaque dossier. »

C’est humain.

Et c’est la manière qu’elle a choisi pour exercer son métier au quotidien. Pauline est proche de ses clients sans en faire trop et porte beaucoup d’attention à leurs demandes Elle est investie et concerné. Parce qu’elle aime faire plaisir et qu’elle est généreuse. Rien n’est anodin ou subsidiaire, tout mérite d’être entendu et analysé avant d’être rejeté. Pauline respecte tous ceux qui travaillent avec elle et instaure une relation de confiance avec eux. Je vous avoue que c’est agréable de travailler avec elle.

A la fin, on parle de souvenirs parce que c’est tout de même ce que l’on vend. Elle me parle de ses plus grosses « prod ». Un événement pour 22000 personnes pour l’anniversaire de Dassault systèmes avec l’intervention appréciée de Kamel Ouali. La première édition d’une convention pour une multinationale sur la zone Asie. A Kuala Lumpur. On les enchaine, on les empile, on se marre mais on se dit surtout : « Vivement la prochaine ».

Laurent Desjars