UN NOUVEAU SOUFFLE SUR LE COACHING
9/26/20257 min read


J’ai rencontré Gabrielle Rivault pendant la préparation d’une convention. Le genre « grosse convention » qui scellait la fusion entre deux entreprises cousines et rassemblait l’ensemble des collaboratrices et des collaborateurs. Nous avions pour mission de faire ce qu’ils n’avaient jamais fait. Nous avions carte blanche pour les faire sortir de leur ligne droite et nous devions leur faire vivre un moment profondément humain. À leur image. La prise de parole en public est un exercice difficile, même pour les professionnels les plus aguerris, mais s’il faut sortir des sentiers battus, s’éloigner des standards et des conventions ajoute encore à la difficulté. L’exercice exige alors davantage d’efforts, de maîtrise et de confiance et le coaching devient indispensable. C’est pourquoi Anne, la directrice de l’agence et la directrice du projet, avait engagé Gabrielle pour les préparer à affronter les 1200 salariés qui allaient occuper les travées de l’amphithéâtre du Parc Chanot.
J’ai collaboré avec de nombreux coaches : Des professionnelles qui possédaient, pour la plupart, de belles qualités d’écoute. Certaines d’entre elles ont tenu leurs promesses et réussi à donner confiance à des orateurs maladroits ou terrifiés, à ouvrir des personnalités verrouillées et à dompter de paralysantes nervosités. D’autres ont beaucoup parlé sans rien obtenir de probant. Pile ou face.
Je n’avais jamais rencontré une coach comme Gabrielle auparavant. Elle utilise une méthode polymorphe et protéiforme, SA méthode, qui marie techniques d’éloquence, travail anatomique sur la voix et sur le souffle avec un soupçon de psychologie. Gabrielle dialogue, sonde, évalue et fait preuve d’une empathie intéressée. N’est-ce pas la première qualité requise pour venir en aide aux autres ?


J’ai tout de suite aimé sa capacité à installer une conversation dans laquelle vous vous sentez à l’aise, comme dans un canapé confortable (un canapé, pas un divan !), une conversation au terme de laquelle vous n’éprouvez aucun sentiment de vide, une conversation qui virevolte de sujet en sujet avec une agréable légèreté. Je me suis imaginé à la place de l’un de ses « clients » et je me suis dit que l’expérience devait valoir le coup. Gabrielle réussit à semer de la confiance. Sans vous le dire, elle vous glisse subtilement « qu’est-ce que ça vous coûte de vous lancer ? Vous avez tout à y gagner ».
La première fois que j’ai parlé avec Gabrielle, c’était dans une cage d’escalier. Nous quittions les bureaux de notre client après une journée de réunions. Gabrielle transportait une table. Je lui ai demandé, avec une touche d’incrédulité, ce qu’était ce gros machin qui semblait faire le poids d’un âne décédé ! Gabrielle me répond que c’est une table de massage et m’a laissé en suspens, les yeux rivés sur l’objet, qu’elle a empoignée comme s’il s’agissait d’un ami cher. L’horaire du TGV pour Paris m’a empêché de tirer tout cela au clair. Une coach, rédactrice en chef, professionnelle de la communication, ça ne collait pas avec une table de massage.
Et puis les réunions se sont enchaînées. Les membres du codir progressaient, me disaient Anne avec enthousiasme. Ils s’appropriaient le script avec facilité. Je voyais revenir le document annoté par Gabrielle, retouché par le directeur commercial sur ses conseils, les pages réécrites par la directrice des ressources humaines avec ses propres mots. La convention a eu lieu. Ce fut un triomphe pour l’ensemble des membres du comité de direction et un bonheur partagé pour toute l’entreprise. Et puis nous sommes rentrés chez nous, le sourire aux lèvres, en nous promettant de nous rappeler très vite. Je n’avais toujours pas obtenu d’explications à propos de la table de massage.
J’ai rappelé Gabrielle quelques semaines plus tard pour lui parler d’un projet et je lui ai demandé si elle était tentée de me raconter son histoire. Je voulais savoir. La table... La connivence avec les membres du codir. Leur aisance sur la scène, malgré les séquences compliquées et les mises en scène sinueuses. Croyez-moi, je n’ai pas assisté aux réunions, et j’avais la curiosité qui me titillait comme une envie de glace un jour de grosse chaleur.
Nous avons discuté de tout cela pendant une heure. Gabrielle commence par me parler du film « A voix haute », une référence pour elle. Elle me parle du développement de l’éloquence en France, me parle de l’oral à l’école, je lui parle de l’écrit et elle me glisse que nous ne sommes pas tous réceptifs aux mêmes stimuli. Elle enchaîne sur l’appétit de l’apprentissage et sur son parcours : un chemin plein de lacets et de croisements. Un chemin jalonné par la voix des professeurs et les tableaux noirs. Alors je l’écoute.
A la sortie du bac, elle se lance dans la philo, elle obtient une licence mais elle découvre la communication et s’inscrit au Celsa. Elle passe le concours avec un bébé sous le bras et l’obtient. Le concours. A la sortie de l’école, elle travaille pour une agence, Partie Prenante. 6 ans à s’occuper de plein de sujets et de toutes sortes de problématiques pour finalement se dire qu’elle en avait assez. Elle choisit une autre voie. Gabrielle souhaite chanter. Elle s’inscrit dans une école mais reste au service de la communication, en indépendante. Gabrielle continue de jongler avec les mots et les concepts mais elle se rend compte que pour chanter, il faut bien respirer. Or elle a cette sensation de respirer comme une amatrice (oui, on peut être professionnel de la respiration !). Elle a le sentiment d’être « à côté de ses pompes », selon ses propres mots. Alors elle va apprendre. Elle cherche, elle cherche et s’inscrit à une formation souffle et voix, une formation intense de deux ans. Vous ne voyez toujours pas le lien avec la table de massage ? Patience…


Entre temps, elle tombe nez-à-nez avec l’événementiel et cède à de bien agréables sirènes. Pour sa première prestation, elle devient rédactrice en chef pour une grande entreprise publique qui organise une convention stratégique chaque année. Pendant la préparation, Gabrielle se rend compte que certaines personnes pour lesquelles elle écrit respirent mal ou ne respirent pas du tout. Ils parlent trop vite ou restent de longues secondes en apnée. « Souffle et Voix » et son expertise de la rédaction en chef sont les pièces d’un puzzle qui s’emboîtent parfaitement. Gabrielle sent que le coaching en prise de parole est un potentiel à exploiter. Pour elle, mais également et surtout, pour les autres.
Elle teste ses premiers ateliers sur des proches mais elle n’est pas satisfaite des résultats. Ses méthodes ne fonctionnent pas sur les personnes qui sont « branchés performance ». Elle est déçue par les imprécisions, les scories, les demi-succès. Elle doit corriger, trouver des solutions. Elle découvre Robin de Haas et dévore son livre « La voie de la Voix, une approche révolutionnaire de l’instrument humain ». Robin de Haas apporte une solution anatomique au rapport souffle et voix. Il dispense des formations à Lausanne. Gabrielle revient sur les bancs de l’école. Elle apprend de nouveau, elle apprend du nouveau qui vient s’ajouter à la somme, déjà considérable, de savoir et d’expérience.
Après son passage en Suisse, Gabrielle est enfin satisfaite des résultats qu’elle obtient (ne serait-elle pas un brin perfectionniste ?) Elle permet aux orateurs de travailler sur le trac, de mieux encaisser le stress, de s’engager davantage dans leurs prises de parole. Elle leur fait prendre conscience que leur corps est un instrument et les aide à l’accorder pour jouer la musique la plus harmonieuse possible. Elle libère les cages thoraciques, elle desserre les plexus, elle guide et rééquilibre l’engagement musculaire. Elle allonge le souffle et allonge par la même le confort des orateurs. C’est à cela que lui sert sa table de massage.


« Les mots sont importants dans une prise de parole mais les mots sont également des phonèmes, ils ont une face organique. Les gens doivent s’emparer des mots avec leur corps. Bien dire, bien prononcer, c’est libérer sa respiration, recommencer à respirer vraiment. Quand vous arrivez à ce résultat, vous avez d’immenses possibilités. Vous avez l’opportunité de mieux investir l’espace », me dit Gabrielle. « J’aide à améliorer la communication et à améliorer les relations. Même dans la salle, cela se ressent. » Je ne peux qu’acquiescer, je l’ai constaté par moi-même devant des dizaines de salles combles.
Les coaches qui possèdent cette polyvalence sont extrêmement rares et ceux qui travaillent sur le souffle et la respiration le sont encore plus, en France et dans le monde entier. C’est vrai, la table de massage peut provoquer des réactions de méfiance que Gabrielle sait parfaitement négocier. Elle a cette faculté de faire comprendre aux autres ce qu’elle va leur apporter concrètement. Gabrielle ne masse pas, elle libère des potentiels et elle a de nombreux clients de tous les horizons qui viennent chercher cette libération : des artistes, des personnes post burn-out, des dirigeants... Peut-être qu’un jour je me laisserai tenter pour avoir le privilège de me libérer.


Pour finir, maintenant que vous avez eu des explications à propos de la table de massage, vous vous demandez certainement ce qu’est devenu le bébé que Gabrielle avait sous le bras au début de cet article ? Pour le savoir, vous pouvez toujours l’appeler. Elle sera sans doute ravie de faire votre connaissance.